Publication Tendances temporelles dans l’utilisation des téléphones portables et l’incidence des gliomes chez les hommes dans les pays scandinaves, 1979-2016

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Publication - Santé

Source via PubMed

Deltour I. et al.

Dans le passé, certaines études épidémiologiques ont établi un lien entre l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquence (CEM-RF) émis par les téléphones portables et l’incidence de certains types de tumeurs cérébrales. L’incidence est le nombre relatif de nouveaux cas de cette maladie au cours d’une période donnée. Dans ce cas-ci, il s’agit plus particulièrement de l’incidence des gliomes, un certain type de tumeur cérébrale. Sur la base de ces études, les CEM-RF émis par les téléphones portables ont été placés dans la catégorie 2B par le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer), ce qui signifie qu’ils ont été classés comme peut-être cancérogènes, mais que les preuves disponibles sont insuffisantes pour en tirer une conclusion. Dans cette étude épidémiologique, les auteurs ont examiné l’incidence des gliomes dans les pays scandinaves pour la période allant de 1979 à 2016 et l’ont mise en relation avec l’utilisation croissante des téléphones portables.

Pour ce faire, les auteurs ont analysé l’incidence des gliomes chez les hommes âgés de 40 à 69 ans. Les informations sur l’utilisation régulière du téléphone portable et la quantité de temps d’appel ont été obtenues à partir de grandes enquêtes sur les téléphones portables au Danemark, en Suède, en Finlande et en Norvège.

Sur la base de 18 232 cas de gliomes, l’incidence des gliomes a légèrement augmenté de 0,1 % par an entre 1979 et 2016 chez les hommes âgés de 40 à 59 ans et de 0,6 % par an chez ceux âgés de 60 à 69 ans. Cette tendance est sans commune mesure avec l’augmentation de l’utilisation des téléphones portables et est probablement due à d’autres facteurs environnementaux ou à l’amélioration des méthodes de diagnostic.

Cette étude présente certaines lacunes qu’il convient de prendre en compte. Par exemple, l’utilisation du téléphone était basée sur une enquête qui utilisait des données autodéclarées sur l’utilisation du téléphone portable pour se faire une idée de l’exposition aux CEM-RF. Cela pourrait biaiser les résultats si les personnes surestiment ou sous-estiment leur utilisation du téléphone. En outre, l’étude ne tient pas compte de l’évolution possible du comportement des personnes qui utilisent leur téléphone, c’est-à-dire de la manière dont elles l’utilisent (appel téléphonique, messagerie...). Les données ayant été collectées par le biais d’une enquête, il n’y a pas eu d’évaluation de l’exposition réelle et le risque de biais de rappel est possible. D’autres méthodes devraient être appliquées pour confirmer ou non les résultats rapportés ici, comme le suivi d’une population sur plusieurs années. Cependant, de telles études sont difficiles à mettre en place et nécessitent un investissement en temps considérable de la part des personnes étudiées. Toutefois, une telle étude a été lancée dans plusieurs pays européens et les travaux sont en cours (étude COSMOS).