Publication Perturbation non-thermique de la signalisation Ca2+ activée par le récepteur β-adrénergique et de l’apoptose de cardiomyocytes dérivés de cellules souches embryonnaires humaines par des champs électriques micro-ondes 2.4 GHz

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Publication - Santé

Williams CF, Hather C, Conteh JS, et al.

Les auteurs ont étudié les effets non-thermiques de l’exposition aux micro-ondes 2.4 GHz, une fréquence utilisée pour la 4G, le Bluetooth et la WI-FI. Pour cela, ils ont utilisé des cardiomyocytes dérivés de cellules souches embryonnaires humaines, c’est-à-dire des cellules capables de se transformer en divers types cellulaires spécialisés. Les cardiomyocytes sont des cellules qui composent le muscle cardiaque et qui sont capables de se contracter. Pour réaliser leurs expériences, les auteurs ont d’abord constitué trois groupes de cellules, celles exposées aux champs électromagnétiques (CEM), celles soumises à une augmentation de température (via un système de chauffage) et un groupe contrôle (non-exposé). Les chercheurs ont étudié la signalisation du calcium (Ca2+) dans des conditions dites « normales » et en réponse à une stimulation des récepteurs beta-adrénergique.

Le calcium est un élément très important au niveau de la cellule. Sa concentration plus élevée à l’intérieur de la cellule sert de signal au déclenchement de diverses réponses cellulaires, par exemple augmenter la force et la vitesse de contraction des cardiomyocytes. L’augmentation de la concentration en calcium dans les cellules peut être stimulée par l'activation des récepteurs bêta-adrénergiques. Ces récepteurs sont notamment situées à la surface des cardiomyocytes. Ils interagissent avec des hormones appelées catécholamines, telles que l'adrénaline et la noradrénaline. Lorsque ces hormones se lient à ces récepteurs, cela déclenche une série de réactions à l'intérieur des cellules cardiaques. Ces réactions permettent d’accélérer les battements du cœur et ainsi de réagir aux demandes du corps, par exemple en cas d’exercice physique ou d’une situation de stress. La concentration en calcium peut également jouer un rôle dans l’apoptose des cellules : c’est-à-dire leur mort par autodestruction, une sorte de suicide contrôlé qui est essentiel à l’élimination des cellules endommagées ou non nécessaires, et ainsi maintenir notre santé.

Les auteurs ont observé que l’exposition aux CEM avait supprimé la réponse normale de la signalisation Ca2+ stimulée par les récepteurs beta-adrénergique et avait provoqué l’apoptose des cellules. Ils concluent alors que leur étude constitue une des premières preuves d’effets non-thermiques des micro-ondes 2.4GHz sur les cardiomyocytes humains.

Il convient de noter que d’importantes limites méthodologiques sont présentes dans cette étude. Tout d’abord, les conditions d’exposition des cellules ne sont pas réalistes de l’exposition humaine. Par ailleurs, les chercheurs ont mis en place un processus complexe pour éviter que l’exposition aux CEM ne porte la température de l’échantillon de cellules examinéà plus de 37 °C pendant l'exposition : les cellules musculaires cardiaques (CM) exposées aux CEM ont été refroidies à 28 °C juste avant l'application des micro-ondes. Malgré l’introduction d’un groupe de cellules contrôle (non exposé), maintenus à 37°C, et d’un groupe de cellules ayant également été soumis à ces variations de température, nous devons nous interroger sur la qualité d’un tel design expérimental. Il est donc impossible de tirer des conclusions sur les effets observés dans cette étude quant aux éventuels effets chez l’Homme. En outre, bien que trois groupes de cellules dont un groupe contrôles aient été utilisés dans l’étude, les auteurs ne mentionnent pas si les conditions d’expérience étaient similaires pour les trois groupe (à l’exception de l’exposition aux CEM et à l’élévation de température). Il est important d’avoir des conditions d’exposition similaires pour chaque groupe afin qu’ils soient comparables en limitant au maximum les différences qui pourraient avoir une influence sur les résultats.

Par conséquent, les résultats de cette étude sont à considérés avec précaution. Ils ne permettent pas de conclure à un effet néfaste des CEM sur les cellules cardiaques. D’autres études, avec une méthodologie de meilleure qualité doivent être menées afin d’évaluer les effets des CEM sur la variabilité cardiaque.